Vous ne pouvez pas tout !
Être parents de dys nous rappelle constamment ce proverbe africain si plein de sagesse : il faut tout un village pour éduquer un enfant !
Cette sagesse nous amène à ne pas nous culpabiliser excessivement : ce "cerveau extra-ordinaire" saura trouver des solutions pour pallier ses difficultés, les spécialistes des rééducations l'aideront en ce sens, la vie de votre enfant avancera, avec ses zones d'ombre et ses plages de lumière … Ceux d'entre nous qui ont vu grandir, vieillir leur enfant dys peuvent raconter aussi comment il s'en est sorti progressivement, trouvant, comme tout humain aimé et soutenu, son chemin dans la vie, grâce à vous, aux autres, aux copains, à ses goûts, à ses désirs, à ses talents. Vous pouvez faciliter ce chemin, mais vous ne pouvez pas la parcourir à sa place. Il faut vous le dire et aussi le lui dire !
Histoire de QI ?
J’ai été marquée pendant toute ma vie par les sanglots de mon frère et de ma belle sœur à qui on venait d’annoncer que leurs jumeaux, garçon et fille, pouvaient être considérés comme débiles. J’avais alors 20 ans.
Je les vois encore descendant les marches du Centre Hospitalier Universitaire où l’on venait de pratiquer le QI à leurs enfants. A cette époque j’étais en stage dans le service de pédiatrie de l’hôpital et je connaissais bien les lieux. Une idée m’ayant brusquement traversé l’esprit, je me précipitais dans le bureau de la psychologue, laissant en plan mon frère et sa femme au milieu de l’escalier.
Un peu essoufflée, je posai une question, dont je mesure encore aujourd’hui l’importance, à la psychologue : Saviez-vous que ces enfants étaient tous les deux malentendants ? Elle me répond que non et désolée me dit alors que les tests n’étaient pas valables.
Ces deux enfants ayant grandis, l’un est docteur en pharmacie et travaille à un poste de responsabilité dans l’industrie pharmaceutique, l’autre ingénieur informatique travaille au CNESS. Pauvres débiles !
De ce jour, inutile de vous dire que je me suis méfiée des QI.
Après avoir travaillé pendant des années auprès de parents d’élève et de leurs enfants, j’ai pu constater combien les capacités réelles des enfants étaient mal évaluées.
Il faut être très prudent avant de stigmatiser à jamais une jeune vie.
La semaine dernière encore, j’ai reçu un enfant de 4 ans et demi scolarisé en maternelle , suivi en milieu hospitalier et en psychothérapie depuis plus d’un an pour lequel on s’est rendu compte « au Centre de loisir » qu’il avait l’air de ne pas bien entendre.
Envoyé dans un service spécialisé il est depuis appareillé non seulement pour ses oreilles mais aussi pour les yeux. Il ne parlait pas et avait des troubles du comportement. Bien sûr….
Et comment peut-on évaluer le QI d’un enfant dysphasique ? Autre histoire tout à fait véridique :
Un enfant considéré jusqu’à l’âge de 12 ans comme l’idiot du village, ne parlant pas, a dû son salut à une enseignante à la retraite qui s’est intéressée à lui.
L’enfant aujourd’hui est chercheur et professeur de faculté.
Le QI, je ne suis pas totalement contre mais il doit être réalisé en ayant toutes les données en main et interprété avec prudence me semble-t-il. Enfin, c’est une position personnelle……
MTB