Paroles d'enseignants: "ni coupables, ni responsables"
Je suis professeur de français et parent d'un enfant dys ce qui m'a permis de mieux comprendre beaucoup de parents et d'enfants affrontés à ces difficultés d'apprentissage des langages oraux ou écrits et de connaître l'APED.
Comme parent, j'ai éprouvé cette angoisse commune : mon enfant a souffert à l'école toute sa jeunesse. J'ai dû le laisser en larmes à la porte de l'école bien des matins dès le CP. Je suis allé plus souvent qu'à mon tour expliquer la situation à des commissions de passage dans la classe "supérieure", j'ai connu "l'autre côté" des réunions parents-enseignants, quand tous les résultats semblaient désespérants. J'ai aussi admiré souvent les collègues qui comprenaient les difficultés de mon fils et l'aidaient à les contourner. J'ai bien souvent remercié l'institution pour sa souplesse, ses passerelles d'un type d'enseignement à un autre, qui permettent à un enfant de tracer son chemin "malgré tout" … et j'ai parfois maudit ses rigidités, son ignorance du problème ! Bref, j'ai connu ce parcours, tantôt sombre, tantôt lumineux, que connaissent tous les parents dont les enfants éprouvent ces troubles, ce "handicap invisible", ce "cerveau différent".
Comme enseignant, j'ai éprouvé les difficultés de faire progresser des élèves dys, cette sensation frustrante de "ne pas y arriver", cette impression de ne pas avoir les outils pédagogiques nécessaires. Mais ces élèves atypiques m'apprennent aussi beaucoup et je pense que finalement tous les autres élèves en profitent.
De l’intérêt des dys.
D'abord ils m'incitent au réalisme dans mes exigences. Comme tout professeur, emporté par l'intérêt pour "ma" matière, j'ai tendance à oublier que je m'adresse à des enfants ou à des adolescents encore peu aptes à en saisir toutes les subtiles beautés ! Un élève dys me pousse à prendre le pas des plus lents, à mieux adapter mon enseignement à l'âge des élèves. Les plus rapides s'y retrouvent vite, vont plus loin avec facilité, les plus lents y trouvent leur compte en découvrant enfin de l'intérêt à ce qui les rebutaient tant.
Comme un enfant dys doit apprendre la brièveté, chaque mot lui demandant de gros efforts, je propose à tous les élèves cette ascèse du "juste et bref" et les moyens d'y parvenir. Plutôt que le flou bavard et creux dont les élèves se contentent souvent, les pousser à la précision, à la concision, à l'adéquation de la réponse à la question est un entraînement bénéfique à tous et à toutes et, par ailleurs, abrège grandement les réponses orales et … les copies !
Enfin, en prenant un peu de temps pour discuter avec un élève dys de ses façons particulières d'apprendre, je trouve souvent des "astuces" qui peuvent profiter à d'autres élèves, voire des types d'exercices nouveaux à proposer à tous et qui les intéressent, sortant de la routine, proposant d'autres moyens d'expression, révélant d'autres talents.
Nous le savons tous, c'est en faisant confiance qu'on donne confiance, qu'on aide un élève à se dépasser et à donner le meilleur de lui-même et c'est en clarifiant les exigences qu'on balise le chemin du progrès, les élèves dys nous le rappellent quand nous avons tendance à l'oublier.
En ayant un enfant dys à la maison, j'ai aussi compris que les enseignants ne sont ni responsables de ses difficultés ni aptes à les faire disparaître, ce qu'ils peuvent faire de mieux, c'est de reconnaître les efforts, de valoriser les réussites, d'adapter certaines façons de faire pour tenir compte de ces difficultés. Et d'atténuer ainsi, autant que faire se peut, ce Chagrin d'école que décrit Daniel PENNAC.
Michel SEYRAT
Agrégé de lettres.
Comme parent, j'ai éprouvé cette angoisse commune : mon enfant a souffert à l'école toute sa jeunesse. J'ai dû le laisser en larmes à la porte de l'école bien des matins dès le CP. Je suis allé plus souvent qu'à mon tour expliquer la situation à des commissions de passage dans la classe "supérieure", j'ai connu "l'autre côté" des réunions parents-enseignants, quand tous les résultats semblaient désespérants. J'ai aussi admiré souvent les collègues qui comprenaient les difficultés de mon fils et l'aidaient à les contourner. J'ai bien souvent remercié l'institution pour sa souplesse, ses passerelles d'un type d'enseignement à un autre, qui permettent à un enfant de tracer son chemin "malgré tout" … et j'ai parfois maudit ses rigidités, son ignorance du problème ! Bref, j'ai connu ce parcours, tantôt sombre, tantôt lumineux, que connaissent tous les parents dont les enfants éprouvent ces troubles, ce "handicap invisible", ce "cerveau différent".
Comme enseignant, j'ai éprouvé les difficultés de faire progresser des élèves dys, cette sensation frustrante de "ne pas y arriver", cette impression de ne pas avoir les outils pédagogiques nécessaires. Mais ces élèves atypiques m'apprennent aussi beaucoup et je pense que finalement tous les autres élèves en profitent.
De l’intérêt des dys.
D'abord ils m'incitent au réalisme dans mes exigences. Comme tout professeur, emporté par l'intérêt pour "ma" matière, j'ai tendance à oublier que je m'adresse à des enfants ou à des adolescents encore peu aptes à en saisir toutes les subtiles beautés ! Un élève dys me pousse à prendre le pas des plus lents, à mieux adapter mon enseignement à l'âge des élèves. Les plus rapides s'y retrouvent vite, vont plus loin avec facilité, les plus lents y trouvent leur compte en découvrant enfin de l'intérêt à ce qui les rebutaient tant.
Comme un enfant dys doit apprendre la brièveté, chaque mot lui demandant de gros efforts, je propose à tous les élèves cette ascèse du "juste et bref" et les moyens d'y parvenir. Plutôt que le flou bavard et creux dont les élèves se contentent souvent, les pousser à la précision, à la concision, à l'adéquation de la réponse à la question est un entraînement bénéfique à tous et à toutes et, par ailleurs, abrège grandement les réponses orales et … les copies !
Enfin, en prenant un peu de temps pour discuter avec un élève dys de ses façons particulières d'apprendre, je trouve souvent des "astuces" qui peuvent profiter à d'autres élèves, voire des types d'exercices nouveaux à proposer à tous et qui les intéressent, sortant de la routine, proposant d'autres moyens d'expression, révélant d'autres talents.
Nous le savons tous, c'est en faisant confiance qu'on donne confiance, qu'on aide un élève à se dépasser et à donner le meilleur de lui-même et c'est en clarifiant les exigences qu'on balise le chemin du progrès, les élèves dys nous le rappellent quand nous avons tendance à l'oublier.
En ayant un enfant dys à la maison, j'ai aussi compris que les enseignants ne sont ni responsables de ses difficultés ni aptes à les faire disparaître, ce qu'ils peuvent faire de mieux, c'est de reconnaître les efforts, de valoriser les réussites, d'adapter certaines façons de faire pour tenir compte de ces difficultés. Et d'atténuer ainsi, autant que faire se peut, ce Chagrin d'école que décrit Daniel PENNAC.
Michel SEYRAT
Agrégé de lettres.